Au XXe siècle, l'émigration russe est caractérisée par quatre grandes vagues successives survenant après des évènements historiques majeurs : la Révolution et la guerre civile russe (1917-1922), la Seconde Guerre mondiale (1945-1950), la guerre froide (1960-1980), et la chute de l'URSS (1990-2000).
La 1ère vague : l’émigration blanche
La première vague est la conséquence de la Révolution et de la guerre civile qui en découle. En 1917, les bolchéviques prennent le pouvoir, déclenchant une contre-révolution menée par des anciens officiers de l'armée impériale. La lutte entre les Blancs et les Rouges se termine par la défaite des Armées blanches. Fuyant la Terreur rouge, civils et militaires se réfugient d'abord dans les pays limitrophes, puis se dispersent en Europe et en Chine. L'émigration blanche, composée en grande partie de l'élite sociale, militaire et intellectuelle de la Russie prérévolutionnaire, connaît son apogée entre les deux guerres mondiales. Les Blancs cherchent à préserver l'identité et la culture russes, notamment à Paris, capitale de la Russie hors-frontières. Après la Seconde Guerre mondiale, beaucoup émigrent aux États-Unis, New York devenant le nouveau centre de l'émigration blanche.
La
2ème vague : la Deuxième Guerre mondiale
Suite à la Deuxième Guerre mondiale, une deuxième vague d'émigration a
émergé, constituée de citoyens soviétiques (prisonniers de guerre, travailleurs forcés ou personnes déplacées) ne souhaitant pas retourner vivre en URSS par crainte
des répressions staliniennes. Ils ont trouvé refuge aux États-Unis, au
Canada, en Amérique latine et en Australie, cherchant à reconstruire
leur vie dans la paix et la sécurité. Issus de milieux modestes et ayant
vécu la misère de la guerre, ils ont peu de liens avec les premiers
émigrants.
La
3ème vague : la guerre froide
Au cours des années 1960 à 1980, de nombreux Russes d'origine allemande, juive ou arménienne ont été autorisés à émigrer, formant ainsi la troisième vague d'émigration. Cette période a vu partir de nombreux écrivains, poètes, philosophes et artistes de théâtre, la plupart s'installant aux États-Unis, en Europe ou en Israël. Il s'agissait également d'une émigration de dissidents, expulsés par les autorités ou fuyant par peur d'être arrêtés, ainsi que de transfuges, choisissant de ne pas retourner en URSS après un voyage légalement autorisé à l'étranger.
La 4ème vague : la chute de l'URSS
Une quatrième vague migratoire prend forme au début des années 1990, dès la chute de l'Union soviétique, et s'étale sur une dizaine d'années. Cette nouvelle vague est surtout caractérisée par des motivations économiques.
>>> Plus de détails dans le premier volume Contexte d'un exil forcé.
Image :
« Noël ». Philippe Andreïevitch Malyavin. Couverture La Russie Illustrée du 24/12/1927 (archives Université de Gand)